Conseil lecture
Les plus férus de poésie parmi vous connaissent peut-être Innocentines, le recueil de « poèmes pour enfants et quelques adultes » de René de Obaldia… En revanche, si vous vous intéressez au théâtre, le nom de cet auteur vous évoquera plutôt Du vent dans les branches de sassafras. Mais dans tous les cas, c’est l’humour, la malice enfantine et la longévité qui sont inséparables de l’image de l’académicien, mort à 103 ans il y a quelques années.
Dans cette autobiographie, il parle certes de lui, mais aussi de ses ancêtres sur plusieurs générations, depuis la découverte du Panama jusqu’à sa propre naissance en Chine. Il raconte sa captivité pendant la guerre et saisit l’occasion de délirer sur les poux, dont il fut victime comme ses compagnons de captivité, imaginant une scène de mariage entre poux ! Il invente aussi la vie d’une femme canon vivant sur son lieu de travail, littéralement, dans le fût où elle cuisine… Mais il révèle aussi le déroulement des (vraies) répétitions de sa pièce la plus connue avec Michel Simon.
Bref, ce livre est un savoureux mélange entre réalité et imagination dans lequel l’humour éclate là où on ne l’attend pas toujours…
Résumé de l’éditeur :
Mémoires ? Certes ! Mais, faisons confiance à Obaldia, plus que cela ! "Exobiographie" se plaît-il à dire, voulant marquer par là qu'il se regarde comme s'il s'agissait "d'un autre". Un autre au destin peu commun : né en Chine d'un père panaméen et d'une mère française, du sang anglais coule aussi dans ses veines : à deux ans, sa grand-mère paternelle avait été trouvée près du cadavre de ses parents, un couple de Britanniques en voyage, emportés par la fièvre jaune lors de leur escale à Panama. Le Panama : José Domingo de Obaldia en fut le premier président quand, séparée de la Colombie, la nouvelle République procéda à des élections libres. Ce qui nous vaut des documents inédits, passionnants sur la construction du canal. (Se rappelle-t-on que Paul Gauguin y travailla comme manoeuvre ?) En fait, le narrateur prend prétexte de ses Mémoires pour nous amener à un regard plus aigu sur l'incongruité de l'existence, sur l'illusion qui voile la plupart de nos actes et de nos pensées. Au burlesque succède la tragédie, et l'on retrouve bien là l'auteur de Tamerlan des cœurs, Du vent dans les branches de sassafras, Innocentines...
Exobiographie, de René de Obaldia, éditions Grasset
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