Lors de notre Labo de Narration en visio le 21 janvier dernier, nous avons exploré ensemble un aspect fondamental de l'écriture narrative : le point de vue. Ce choix, souvent inconscient, influence profondément la manière dont le lecteur perçoit l'histoire et s'identifie aux personnages. Il est donc primordial.
Mais quand on se lance dans un nouveau projet d’écriture, il est fréquent de ne pas avoir les idées au clair à ce sujet… On commence en écrivant « Elle se laissa tomber sur la chaise », on continue avec « Je me sentais découragée », et puis on retourne à « elle se dit que cela ne pouvait pas continuer ainsi. » Elle, je, vue extérieure, intérieure, pensées… Tout se mélange, le narrateur qui raconte l’histoire est partout et nulle part à la fois.
Le pire, c’est que si on ne prend pas de recul, on ne se rend pas compte de ces incohérences, qui lasseraient n’importe quel lecteur ! Mais rassurez-vous, c’est normal, quand on débute, d’explorer les différents points de vue et même de papillonner. En revanche, il est important, à un moment de faire un choix et de s’y tenir, afin que votre narration soit cohérente, claire et que le lecteur noue une relation avec votre personnage, principal moyen de donner envie de lire la suite. Alors voyons ensemble les options possibles.

Les trois principaux points de vue narratifs
Il existe trois points de vue narratifs principaux :
Le point de vue omniscient : Le narrateur sait tout sur tous les personnages et les événements. Il peut se glisser dans la tête de chacun, connaître leurs pensées les plus intimes, et anticiper les événements à venir. C'est un peu comme si le narrateur était un dieu omniscient qui surplombait toute l'action. Les contes empruntent souvent cette voix narrative. C’est généralement la plus facile à utiliser, car elle est sans limite. Mais attention : c’est à vous de poser les limites : ça n’est pas parce que votre narrateur sait tout qu’il est opportun de tout dire ! Ce point de vue vous oblige donc à définir clairement le fil rouge de votre histoire et à ne pas vous laisser distraire.
Le point de vue interne : Le narrateur est un personnage de l'histoire. Nous suivons les événements à travers ses yeux, nous ne connaissons que ce qu'il sait et ressent. C'est un point de vue très immersif qui permet de créer une forte empathie avec le personnage principal. Souvenez-vous du Petit Prince d’Antoine de Saint Exupéry, dont l’histoire est racontée par l’aviateur qui a atterri en catastrophe dans le désert à cause d’une panne ! Ce type de narration permet de nous faire sentir l’étonnement et l’attachement que l’aviateur éprouve à l’égard du Petit Prince. Et il permet de garder une part de mystère sur la vie du garçon, qui vient quand même d’une autre planète…
Le point de vue externe : Le narrateur est un observateur extérieur qui décrit les actions et les paroles des personnages sans accéder à leurs pensées, un peu comme s’il regardait un film. Ce point de vue vous oblige à recourir à l’action pour faire comprendre ce que traverse un personnage. Puisque vous ne pouvez pas évoquer ce qui se passe dans la tête du héros, vous ne pouvez pas dire qu’il éprouve une grande gêne. Vous serez alors obligé de nous raconter les manifestations de la gêne, visibles de l’extérieur : « Il regarda furtivement ses invités en rougissant et rattrapa in-extremis le vase qu’il avait fait vaciller d’un geste trop brutal lorsqu’il voulut serrer la main de l’ambassadeur. » Cette voix narrative rend le récit très vivant et nous donne l’impression de voir l’histoire se dérouler sous nos yeux. C’est celle qu’a adopté John Steinbeck pour Des Souris et des Hommes, par exemple. Elle est assez contraignante quand on écrit, mais c’est un choix souvent payant, car il invite le lecteur à tirer lui-même ses conclusions, et il vous sera reconnaissant de lui laisser cetet place.
Pourquoi est-il important de maîtriser le point de vue ?
Le choix du point de vue est une décision créative qui a un impact sur l'ensemble du récit. En expérimentant différents points de vue, vous pouvez :
Créer de la surprise : En décidant de passer certaines informations sous silence au point de vue omniscient, ou en choisissant une vision interne qui ne permet pas d’accéder à tout, vous pourrez surprendre vos lecteurs avec des récits pleins de mystère.
Renforcer l'émotion : Le point de vue interne, par exemple, permet de créer une forte empathie avec le personnage principal et de faire vivre au lecteur une expérience émotionnelle intense. Quant au point de vue externe, il invite le lecteur à prendre place au cœur de l’histoire, il est donc très impliquant.
Conforter la relation entre votre lecteur et vos personnages : Quelle que soit la place du narrateur, il est le vecteur entre le lecteur et votre histoire. Donc si vous faites un choix de point de vue cohérent et clair, votre lecteur sera invité à suivre l’histoire confortablement.
Comment choisir le bon point de vue ?
Pour choisir le point de vue le plus adapté à votre histoire, posez-vous les questions suivantes :
Quelle est l'histoire que je veux raconter ?
Quel personnage je veux mettre en avant ?
A quelle distance du personnage je veux placer le lecteur ?
Quel effet je veux produire sur mon lecteur ?
Mon conseil : Commencez par observer de quel point de vue sont écrits les romans que vous lisez. Analysez comment les auteurs utilisent les différents points de vue pour créer leurs effets, et observez l’impact que cela produit sur vous. C’est un enseignement riche pour vos futurs écrits !
En conclusion, le point de vue est un outil narratif puissant qui mérite d'être maîtrisé. En expérimentant différents points de vue, vous pourrez faire un choix et donner vie à vos histoires en les rendant uniques.

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